Jeudi 23 janvier 4 23 /01 /Jan 20:48

 

 

 

 

 

Chapitre 1

Ce dimanche matin je traîne au lit. Dehors il fait gris même un peu froid. J’écoute rêveusement le CD que j’ai acheté hier, les suites pour violoncelle solo de Bach. À notre dernière rencontre, Lise m’avait offert une autre version. Lise est ma sœur ainée que je n’ai pas vue depuis si longtemps, elle m’a téléphoné la semaine passée pour m’annoncer sa visite pour aujourd’hui.

Étudiantes, nous étions tout le temps collées ensemble et jamais,  nous ne nous sommes ennuyées et encore moins disputées. Elle avait passé deux ans ici pour finir son troisième cycle, deux années… fabuleuses, et puis elle était partie à Montpellier pour finir ses études.

Quand je pense à elle, une soudaine envie de mer monte à mon esprit, le même appétit de sel cristallisé sur une peau dorée qui montait lorsque je l’écoutais me raconter ses dernières aventures avec ses princes charmants. Elle me fascinait, j’admirais son élégance, son charme, ses yeux profonds, sombres comme ses cheveux, sa peau lisse, tendue sur des rondeurs presque enfantines. En fait elle me ressemblait comme deux gouttes d’eau.

Elle doit arriver vers midi. Un coup d’œil au réveil. Mes souvenirs m’ont emmenée bien loin. À côté de moi, le plateau de mon petit-déjeuner, des miettes partout ! Le reflet dans le miroir de la table de nuit : je me vois fripée, les cheveux en bataille au milieu des draps en pagaille. Alerte rouge !

Douche, ravalement de façade, rangement de la chambre, habillage… Et pourtant, je ne suis pas une rapide dans ce domaine… mais c’est Lise qui arrive, ça mérite une exception aux (mauvaises) habitudes…

J’enfile une jupe cloche et un tee short pour être à l’aise et que j’adore, je m’installe avec un dernier café sur mon canapé, les pieds nus repliés sous ma jupe.

On sonne.

Mon cœur part à fond. Je saute du canapé, je suis soudain devant la porte. Je respire profondément. Une fraction de seconde, j’ouvre. Je ne vois d’abord que ses yeux qui m’hypnotisent instantanément.

Le temps ne passe plus. Nous restons face à face quelques longues secondes. Nous nous sourions. Trois ans, c’est long… Et puis je me jette dans ses bras, elle en fait autant. Nous nous embrassons en riant. Nous sautillons de joie sur le palier, comme des collégiennes, nous tenant les mains.

-   C’est super, c’est vraiment super.

Nous nous écartons à bout de bras pour mieux nous regarder. Les phrases fusent, se croisent, se coupent :

-   Tu es toujours superbe. 

-   Tu es encore plus belle qu’il y a trois ans. 

-   Trois ans ? Autant que ça ? J’ai l’impression qu’on s’est quittées hier. 

-   C’est vrai. J’ai l’impression qu’il ne s’est rien passé depuis que tu es partie.

Et puis le calme revient. Je me penche vers sa valise.

-   Viens ! Rentre vite ! Tu as fait bon voyage ?

De palabres en palabres, on rigole, je lui propose d’aller prendre une douche pendant que je prépare un petit casse-croute.

Les mots se bousculent dans ma bouche, elle rit gentiment :

-    Julie ! Ça fait trop de questions à la fois ! Tu es terrible ! Laisse-moi le temps de reprendre mon souffle. Avec  ce long voyage, j’ai vraiment l’impression de marcher à côté de mes pompes.

Je la laisse se diriger vers la salle de bain et je vais dans la cuisine mettre en route la machine à café. Je suis excitée comme une puce et, en même temps, je me sens pleine d’une joie tranquille en l’entendant s’activer dans la salle de bain. La douche coule.

De sentir à nouveau ma sœur dans mon appartement me donne l’impression d’être à la maison, d’être chez nos parents.

L’odeur du pain que je fais griller se répand dans l’appartement, bonne odeur d’un dimanche heureux. Je nous prépare un plateau avec des œufs brouillés, des céréales, des fruits sur une coupelle, un yaourt et je décore le plateau avec un minuscule bouquet artificiel de myosotis en papier. Je pose le tout sur la table du salon.

Puis elle arrive vêtue de mon peignoir,

-   Superbe ! Tu es superbe ! Toujours aussi superbe grande sœur.

Elle s’assied sur le canapé, je me serre tendrement contre elle.

-   Je suis tellement heureuse de te revoir. On n’aurait jamais dû attendre si longtemps !

-   C’est vrai. C’est idiot de se perdre de vue comme ça, alors qu’on s’est toujours si bien entendues.

Elle passe affectueusement son bras sur mon épaule et me tourne vers le miroir pour me regarder dans les yeux. Nous restons un instant,  silencieuses.  Je murmure :

-   C’est vraiment super que tu sois là.

Elle farfouille dans mes cheveux, en un geste protecteur. Soudain, elle se penche et me place un gros bisou qui fait « clac » sur ma joue.

L’émotion de l’avoir si près de moi me noue la gorge. Je me secoue.

-   Allez, on mange un peu,  je meure de faim.

Elle sent bon le propre, n’a pas encore mis de parfum et je sens sa douce chaleur auprès de moi. C’est comme si nous nous étions quittées la veille, comme si nous reprenions une conversation interrompue pendant seulement quelques minutes. Et pourtant nous avons tellement de choses à nous raconter…

-    Et alors, lui dis-je enfin, c’est comment le mariage ?

Elle rit.

-  Tu sais, ça a vraiment été une surprise pour moi, je ne prévoyais pas de me marier aussi vite. Et puis Denis a vraiment changé ma vie.

-   Comment il a changé dans ta vie ? Allez, vilaine cachottière, raconte-moi tout, avoue ! Hein ? Tu te souviens de l’effet que tu lui faisais ? Et moi qui ne pouvais pas dormir, à côté, à cause de vos hurlements !

Nous sommes écroulées de rire. J’ai renversé un peu de café sur mon châle en faisant la folle, j’éponge avec un torchon, elle m’aide avec une serviette en papier.

Nous reprenons notre souffle.

-   Et toi, me dit-elle, tu as quelqu’un ou tu es toujours célibataire ?

-    Je n’en ai pas encore trouvé un qui va changer ma vie hélas ! Et puis, les mecs m’énervent en ce moment !

Elle me sourit. Elle sent bon, elle est gaie, elle est contre moi. Son peignoir s’est ouvert pendant nos petits combats et je sens soudain sa cuisse nue toucher la mienne comme par inadvertance, me communiquer sa chaleur. Elle me regarde. J’ai ses deux jolis yeux rieurs plantés dans les miens.

-   Et avec une fille ? Tu as déjà essayé ?  Laisse-t-elle tomber avec naturel.

Hein ? Quoi? Je rêve ? Je me sens soudain complètement nigaude. Je pense à toute vitesse : « Non, je n’ai jamais vraiment essayé ça. Je me souviens juste de quelques jeux de touche-pipi quand j’étais petite fille, mais depuis, plus rien, ne serait-ce même qu’en pensée. » Je me sens soudain à la fois anxieuse, gênée, curieuse, impatiente et effrayée. Mais pourquoi cette question ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Comment lui répondre ? Lise, ma grande sœur,  que me dis-tu ? J’ai peur de te répondre. J’ai peur de gâcher ce bel instant, ta cuisse contre la mienne, ton regard, cette question indiscrète posée si innocemment. Et si je me trompais ?

J’ai peur, soudain, de ce qui va peut-être, de ce qui risque de se passer. Je me sens aussi vulnérable que si j’avais dix ans. J’ai envie de fuir à toutes jambes. Lise! On a vécu ensemble pendant deux ans quand on était étudiantes. Rien, jamais ! Des hommes pour chacune ! Tant et tant d’occasion où il aurait pu se passer quelque chose, et pourtant… rien ! Nues toutes les deux, parfois ensemble dans la baignoire… et rien ! Alors pourquoi maintenant ? Que se passe-t-il ? Non ! Je suis folle ! Elle n’a rien sous-entendu, c’est moi qui m’imagine… Mon cœur bat, mes joues sont rouges, je le sais, je le sens… Mon émotion s’amplifie. Non, impossible ! Je respire profondément, je me calme un peu. Mes yeux se posent sur sa bouche, je n’entends plus le son de sa voix, je regarde ses lèvres, son sourire, ses dents, la pointe de sa langue… Je me surprends soudain à prier intérieurement : « Lise s’il te plait, continue ! Drague-moi, séduis-moi je t’en supplie… » Je ne sens plus que la chaleur de sa cuisse contre la mienne. Il me semble que plus rien n’existe que ce contact brûlant entre nos deux corps. J’ai la gorge nouée et j’ai très chaud. J’ai pendant une fraction de seconde la tentation d’en profiter pour me lever, fuir ainsi le contact troublant de sa cuisse. Mais au lieu de ça, voilà que je me laisse aller en arrière sur le dossier moelleux du canapé ! Mais qu’est-ce que je fais ? Je suis folle ou quoi ? Je m’aperçois que je n’ai fait ce mouvement que pour avoir une excuse plausible pour laisser peser d’avantage ma cuisse contre la sienne. Nos jambes sont maintenant serrées l’une contre l’autre. Ma jambe fraîchement épilée contre sa cuisse brune et ferme qui jaillit du peignoir bleu. Elle n’a pas relâché sa pression et je me laisse aller d’avantage contre elle. Mon Dieu ! Qu’est-ce que je fais, mais qu’est-ce que je fais ? Mon émotion change de nature, descend de mon visage et de ma poitrine vers le bas, vers mon ventre où je sens naître une douce chaleur au plus intime de mon corps. J’ai la bouche sèche et le cœur qui palpite. Va-t-elle le sentir ? Va-t-elle comprendre ce que je n’avais jamais moi-même compris jusqu’à cet instant ?

Et puis soudain, la panique : Si je me suis trompée, quelle horreur ! J’en mourrais de honte et de dépit.

Je voudrais trouver quelque chose à lui répondre, cessée d’avoir l’air complètement idiote, mais je crains que le son de ma voix ne me trahisse. Dans un souffle, je réussis à bredouiller :

-   Non, je n’ai jamais essayé…. Je ne sais pas si j’aimerais… Je me demande bien ce que ça me ferait…

Elle passe son bras gauche derrière moi, le pose négligemment sur le dossier du canapé. Je la sens s’appuyer légèrement contre moi. Maintenant, c’est tout son côté gauche qui s’appuie contre mon corps. À cet instant, tout pourrait encore s’interrompre et on prétendrait qu’il ne s’est rien passé d’autre que des gestes d’amitié comme le font parfois deux sœurs.

Je me sens soudain très heureuse, excitée bien sûr, mais surtout étrangement, extraordinairement vivante. Je sens la vie qui circule à toute vitesse dans mes veines. C’est le plus beau matin de ma vie. Lise est assise tout contre moi. Nous restons immobiles, soudain silencieuses. J’ai de plus en plus chaud, je laisse mon corps peser vers le sien. J’espère qu’elle sentira, qu’elle comprendra, qu’elle osera, car moi je n’oserai jamais.

Mais au fond de moi, je sais confusément qu’elle a tout compris, tout deviné depuis un moment déjà, depuis qu’elle a senti ma cuisse s’abandonner contre la sienne, qu’elle m’a senti accepter, accueillir sa présence, depuis que ce contact chaleureux irradie nos deux corps d’ondes de bonheur, depuis que ce contact s’est prolongé au-delà du convenable. Quelques secondes de trop et ce n’était plus un simple contact fortuit. C’était déjà le signe évident de mon consentement que tout mon corps, tout mon être lui envoyait passionnément. Je prie en retenant ma respiration « Oh mon Dieu, faites qu’elle ne se moque pas de moi, faites que je ne me sois pas trompée ! » Mais je sens bien qu’elle aussi a compris que nous n’avons plus qu’à cueillir ensemble le beau fruit de notre désir, pour le déguster lentement, sans précipitation.

Elle pose tendrement sa tête sur mon épaule, le nez dans mes cheveux. Je ferme les yeux et j’incline légèrement ma tête vers la sienne pour m’y appuyer à mon tour. C’est très doux. Nous restons serrées l’une contre l’autre. Sa respiration est plus courte et je la sens brûlante sur ma peau, comme la mienne, comme si nous avions la fièvre l’une et l’autre. Je sens l’odeur de son corps, son parfum de femme. Je sens sa chaleur se répandre en moi. Je fonds, ma chatte répand une douce chaleur dans mon ventre, dans tout mon corps. Je suis déjà trempée de désir. Un petit déclic se fait dans ma tête à l’idée que ma sœur aussi, doit déjà être toute mouillée. À cette seule pensée, je sens ma culotte inondée.

-   Tu sens bon, murmure-t-elle dans mon cou, tu es si douce…

-   Toi aussi !

Ma voix n’est qu’un pauvre souffle.

La musique s’est arrêtée, mais je ne voudrais pour rien au monde me lever pour changer le CD et prendre le risque de rompre le charme. Dans le calme de mon petit salon, on n’entend plus que nos respirations. Enfin, ses lèvres déposent un premier baiser dans mes cheveux, puis un deuxième. Elle a enfoui son visage dans mon cou comme pour y cacher son trouble et son ivresse. Sa bouche ne veut plus se détacher de moi. Je tourne imperceptiblement la tête vers elle. Ses lèvres touchent doucement ma joue. Je suis bouleversée, mon cœur bondit dans ma poitrine et un petit animal chaud, soyeux et dégoulinant de mouille hurle son désir dans mon ventre. Les yeux fermés, je m’abandonne dans ses bras avec un soupir de ravissement absolu. Ses lèvres glissent sur ma joue, s’approchant avec une lenteur exaspérante du coin de mes lèvres.

Nous échangeons enfin un premier baiser timide. Goût étrange et affolant du café et de la cigarette qu’elle fumait à l’instant. Je me serre contre elle et, gardant les yeux mi-clos, comme si les ouvrir et croiser son regard risquait d’interrompre cet instant délicieux, je profite discrètement du spectacle de notre tendre corps à corps. Je veux à présent qu’elle aille plus loin, que nos caresses ne s’arrêtent plus, que tout retour en arrière soit impossible, qu’aucune honte, aucun remord ni souci de bienséance ne fasse plus jamais obstacle à nos désirs, à mon désir que je sens grandir et m’entraîner irrésistiblement. Je n’entends plus que le bruit mouillé de nos baisers.

 

à suivre 

 

 

Par amoursanstabou - Publié dans : Récits - Communauté : La beauté des filles et des femmes
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